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| Sylvie Vartan - Crédit inconnu |
Oui, moi aussi Brigitte j'ai regardé avidement à la télé pendant des heures ces femmes extra-terrestres, habillées de paillettes, secouer leurs boucles élastiques ou leurs afros magiques en se lovant langoureusement contre des hommes à poils et col pelle à tarte. Je les ai écouté feuler des refrains entêtants que je devinais vaguement sulfureux ou franchement ouh la la pendant que mes parents râlaient, un peu gênés, et que mes frères faisaient mine de préférer leurs rockers énervés.
Comme vous aussi sans doute, j'ai décidé qu'un jour je serais choriste dans les émissions de Maritie et Gilbert Carpentier.
(la suite après le saut)
J'ai enregistré sur des cassettes toutes les chansons en essayant de couper juste avant le jingle de la radio pour pouvoir m'entrainer à devenir ce rêve de femme, puissante et libérée, devant le miroir en pied de la chambre de mes parents.
J'ai fermé les yeux très fort dans le noir pour m'imaginer sur scène avec Polnareff, avec Nicole, Sylvie et Diana : la chaleur des projecteurs, l'aveuglement des feux de la rampe et la moiteur du public en feu.
J'avais deux tresses, des pantalons de velours mille raies et des sous-pulls en nylon qui font les cheveux électriques. J'étais à mille, pardon 1 million de lieues du Club 54 et je me disais que la vraie vie était certainement plus dans un body résille que sur la ligne de bus 24 entre Coataudon et Tourbian, le Rallye et les cours de danse classique en collant chair 80 deniers et demi pointes Repetto. J'avais hâte de devenir grande parce que ça avait vraiment l'air d'être bath.
Alors oui, c'est vrai, Brigitte, qu'on vous voit partout et que vous n'y allez pas de main morte dans l'évocation du golden âge des eighties, mais qu'est-ce que je me sens soeur de vous, le matin, de Saint Lazare à Opéra. Et qu'est-ce que c'est chouette d'y re-croire encore un peu.
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